Ali et Ramazan de Perihan Mağden

Fière, je suis tellement fière que ma traduction du roman de Perihan Mağden est enfin disponible en version papier (les adeptes de la lecture numérique y avaient déjà accès depuis octobre 2013).

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Ali et Ramazan

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publie.monde

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traduire est un acte généreux. c’est aussi un acte difficile, enfin, ça l’est pour moi. ceux qui me connaissent sauront que la traduction est pour moi un geste très fortement lié à mes émotions et mes liens avec mon pays natal.

quelle fierté et quel bonheur de voir mes traductions côte à côte avec celles de Michel Volkovitch dans la collection publie.monde.

fierté encore plus grande de voir ces deux pays ensemble. c’est tellement important.

superbes couvertures aussi de Roxane Lecomte. je ne la remercierai jamais assez pour ces merveilleux ePubs ? MERCI ROXANE !

et merci à toute l’équipe Publie.Net.

maintenant c’est à vous lecteurs, lectrices.

allez, qu’attendez-vous ? … c’est par ici

orage londonien

les fenêtres de ma chambre sont couvertes de pluie. ça tape fort sur les vitres. mais dehors, le ciel est fantastique.

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j’essaie de capturer le moment depuis ma chambre.

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j’essaie encore…

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mais ce n’est pas assez. il faut que je sorte sur le toit, parapluie et iPhone en main…

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je tente de capturer…

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l’orage…

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une histoire d’accent

Regent's canal, London

Regent’s canal, London

c’est où chez toi ? where do you feel home? je sais pas. là où je peux respirer tranquille. là où je peux créer. écrire. traduire. là où je peux vivre. là où je vais mourir ?

d’où venons-nous, où allons-nous ? ce ù avec son accent me trouble. je le préfère sans. sans accent. 0u. oui, c’est mieux comme ça. le mouvement déclenché par le choix et non pas par le lieu.

depuis que je suis arrivée à londres, je pense à amsterdam. je me souviens d’amsterdam et de ce qu’elle m’a donné. tout comme je pense à bruxelles. (pas de la même façon à istanbul. istanbul reste mon où avec accent).

jamais je n’aurai cru qu’amsterdam, que le néerlandais, que les pays-bas me manqueraient. ou plutôt, je n’avais pas compris à quel point j’ai en fait été marquée par amsterdam. par le néerlandais. pas les pays-bas. et c’est là que j’ai compris de nouveau, l’importance de ce ou sans accent. ce mouvement là. bruxelles ou amsterdam ou londres. mais où que je passe, le où d’origine est toujours suspendu, là, sur le coeur. rien à faire, celui-là est juste là. en moi. istanbul c’est où que je sois. avec ou sans accent.

et dans chaque lieu, à chaque fois que le où perd son accent pour laisser sa place à un autre, je grandis.

à chaque fois que où perd son accent, moi j’en gagne, ou pas. qu’importe. je suis ici aujourd’hui, à londres. cette nuit je rêverai d’amsterdam. et demain est un autre jour, plein de où, avec et sans accents.

en résidence (6) : atelier de poésie

la semaine dernière, dans le cadre de ma résidence londonienne, j’ai animé mon premier atelier de poésie.
j’ai choisi des poèmes en turc, d’une auteur turque d’origine arménienne, à traduire en anglais.

Poets Road London

le procédé de ces ateliers organisés par le poetry translation centre est absolument fascinant.
un groupe de maximum 15 personnes se rassemble tous les mois autour du travail d’un poète non anglophone. le traducteur ou la traductrice invité à animer l’atelier propose les poèmes, explique son choix et présente des traductions littérales des poèmes sélectionnés.
les membres du groupe ne connaissent pas toujours la langue source. certains sont linguistes, traducteurs d’autres langues, auteurs, poètes ou curieux, … tous sont des lecteurs de poésie.

c’est donc avec une immense joie que j’ai accepté de présenter le travail de Karin Karakaşlı, auteur dont j’aime énormément le travail   (ses nouvelles, ses chroniques journalistiques, ses livres pour enfant et ses poèmes). la voix de Karin est une voix que j’ai toujours voulu faire entendre ailleurs qu’en Turquie. j’ai d’ailleurs déjà eu l’immense joie de traduire deux de ses nouvelles pour le premier volume de l’anthologie Meydan | La Place (voici un extrait ainsi qu’une lecture en turc de l’auteur sur le site web de Meydan La Place).

il y avait six personnes présentes à mon atelier, dont une seule connaissait la langue turque. c’était assez fascinant de voir comment il est possible de traduire un texte sans pour autant connaître la langue source si nous sommes bien guidé. ici, j’étais le guide. c’était magique de voir se transformer mes traductions littérales en de véritables poèmes. et surtout, d’entendre la justesse de nos choix. choix que nous avons fait ensemble, pendant l’atelier. parfois nous en avons discuté, plus ou moins longuement, parfois c’était juste au premier essai.

ceci me mène à affirmer de nouveau que le geste de traduction n’est pas un geste solitaire. ou du moins, qu’il devient plus riche lorsque nous le partageons. c’est cette générosité-là qui m’intéresse en traduction et je compte bien continuer à travailler ainsi.

en attendant, sur la route des poètes… voici les poèmes de Karin Karakaşlı traduits en anglais.

Poets Road, London

café des merveilles

les cafés sont des espaces étranges. plein d’histoires. parfois propice à l’écriture. pendant ou après.

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ma mère tient plusieurs cafés à Bruxelles. femme au foyer pendant des années, suite au départ de mon père, elle s’est construit une carrière : patronne de café. de ces cafés locaux où l’on croise toutes sortes de caractères, des personnages tout droit sortis de la vie.

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ce matin dans le coeur de Londres, non loin de la gare, je m’attarde dans un café coloré.

un café tout à fait éloigné des cafés de ma mère.

j’y relis Ali & Ramazan . un contraste, de nouveau. ces couleurs autour de moi, les montgolfières en papier, les tasses antiques, les roses à chaque table… et pourtant, j’arrive à me plonger dans le monde des jeunes orphelins Ali et Ramadan. j’arrive à me replonger dans mes souvenirs du café de ma mère. je repense à l’avocat retraité qui buvait six Duvel entre 11 et 16h. à sa femme qui l’accompagnait au Porto rouge. à la mort de cette femme. à la solitude de cet homme.

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les cafés sont des lieux étranges. ils vivent. ils meurent. nous les faisons vivre, parfois nous y mourons.

et pour y penser, je me cache dans le café des merveilles.

les gens sont étranges (où est-ce juste moi).

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en résidence (5) : Free Word Centre

ce n’est pas tout de se balader dans sa nouvelle ville. je suis ici pour une raison précise… en résidence au Free Word Centre.

IMG_5602situé non loin de Kings Cross St Pancras, le Free Word Centre est un lieu de rencontre pour la liberté d’expression et la littérature. les activités centrales sont axées sur la promotion de la lecture, de l’écriture, de la traduction. plusieurs organisations britanniques et internationales, comme English PEN, Booktrust, Reading Agency etc. sont regroupées dans cet espace ouvert au public.

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l’an dernier, Free Word a commencé un programme de traducteurs en résidence dans le cadre duquel deux traducteurs sont invités chaque année afin de développer des projets autour de la traduction, de l’écriture, des langues et des cultures des mondes linguistiques auxquels ils ou elles sont liés.

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j’ai physiquement commencé ma résidence le 1er mars, en m’installant à Londres, mais le travail de préparation s’est fait en amont, depuis le mois d’aout 2012. j’ai visité Londres quatre fois entre aout et janvier afin de préparer mon programme de résidence. un travail de longue haleine mais qui en vaut vraiment la peine.

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comme la Turquie est invitée d’honneur cette année à la foire du livre de Londres (avril 2013), le Free Word Centre a décidé de développer un programme autour de la Turquie, et c’est là que j’interviens !

je travaille sur plusieurs niveaux : organisation d’événements et de rencontres autour d’auteurs contemporains turcs et de la traduction, programme avec les écoles secondaires dans les quartiers de Islington et Hackney, afin notamment de travailler avec les jeunes britanniques d’origine turque ou de Turquie, et tout un programme à travers le site Web et les médias sociaux du Free Word.

j’ai donc la chance immense de travailler avec des gens qui partagent ma passion pour remettre en question les récits officiels et trouver de nouvelles voix contemporaines à traduire et à exprimer librement.

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ça ne sera donc pas une surprise pour les lecteurs de Meydan | La Place que mon programme inclut des auteurs comme Perihan Mağden, Ece Temelkuran et Karin Karakaşlı.

je suis surtout très contente de pouvoir travailler avec quatre écoles dans Londres. et j’avoue que c’est cette partie-ci que je ressens la plus nécessaire : de travailler avec les jeunes afin de développer avec eux des récits, à travers différentes formes de narration : de recettes de cuisines à la création d’une bande dessinée… je vais tenter de donner aux jeunes étudiants quelques outils afin qu’ils puissent faire entendre leur voix. très important aussi pour moi de travailler avec des jeunes d’origine turque. pas que j’exclus les autres, mais nous avons beaucoup à partager culturellement et j’aimerais justement travailler avec eux afin de partager mon expérience de fille de parents immigrés. ça peut paraître cliché. moi je trouve que c’est important. j’aurais tellement aimé avoir une expérience similaire à l’école en Belgique !

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je suis surtout extrêmement touchée par l’accueil que m’offre Free Word ainsi que tous les associés au lieu. que ce soit English PEN, les écoles, les auteurs et traducteurs avec qui je développe les projets, tous apportent une confiance totale envers moi et mon travail. c’est très encourageant et surtout, ça fait du bien de ne pas devoir se justifier tout le temps. personne ici ne questionne la légitimité de mon anglais, de mes connaissances linguistiques en général, pourquoi je traduis en français alors que je suis turque ou encore ce que je peux bien faire dans un programme anglophone. on me juge selon mes actes, pas en fonction de mon lieu de naissance ou de la langue de ma mère.

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bien sûr, le Royaume-Uni n’a pas toujours été un modèle d’ouverture et d’inclusion. pas besoin de vous refaire un cours d’histoire. mais il est certain, notamment dans le domaine des arts et de la culture, qu’un sérieux travail de questionnement s’effectue, virant parfois trop au politiquement correct, mais permettant le changement et un réel impact.

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je suis fière de faire partie de ce programme. vraiment. j’ai tellement envie de donner, donner, donner. surtout aux jeunes dans les écoles. je veux partager le plus possible ce que j’ai au fond de moi, à travers le geste même de la traduction, de l’écriture, de la création.

contente que je suis libre de le faire.

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en résidence (4) : Camden Arts Centre

15 minutes à pied de mon chez-moi londonien se trouve le Camden Arts Centre. un centre d’art contemporain installé dans une ancienne bibliothèque datant de 1897.

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la bibliothèque ferma ses portes en 1964 et tous les livres furent transférés à la nouvelle bibliothèque située à Swiss Cottage, non loin de là. c’est en 1965 que le lieu devient un centre culturel sous le nom de Hampstead Arts Centre, avec des premières expositions ayant lieu dès 1966.

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on se sent tout de suite bien ici. c’est un lieu ouvert et accessible.

sans doute parce que c’était dimanche, il y avait beaucoup de familles, des enfants explorant les salles d’exposition, les ateliers de dessin ou encore le petit café où un cappuccino ne vous coûte pas la nouvelle acquisition du musée.

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le lieu accueille des artistes britanniques et internationaux en résidence.

ici, on peut voir le travail de Serena Korda Aping the beast

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un lieu pour les visiteurs, un lieu pour les artistes, un lieu où l’on se sent le bienvenu.

qui que l’on soit. on peut y respirer, flâner, explorer. on y est tranquille.

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Camden Arts Centre, l'entrée.

Camden Arts Centre, l’entrée.

en résidence (3) : flâner encore

Avant de tomber au fond de mon lit, j’avais fait encore une longue balade en sortant d’une école avec laquelle je vais travailler à Hackney, district où vit une importante population d’origine turque ou de langue turque.

Clissold Park, district de Hackney.

Clissold Park, district de Hackney.

on se croirait dans un village presque. or, nous sommes dans un district urbain, bien vivant de la ville. ici, au Sud de Clissold Park, à deux pas de l’école où je me rendais.

Café, Clissold Park

Café, Clissold Park

Clissold Park

Clissold Park

après ma visite à l’école, des projets plein la tête, je reprends ma balade.

pas à pas, je descends vers le Sud de la ville, à travers Hackney et Islington, sans aucun but précis, je décide au fur et à mesure quelle direction je vais prendre.

Hackney

Hackney

des quartiers difficiles que l’on m’avait dit. moi je vois des quartiers bien chics, avec des commerces très dans le vent.

Café Acoustic, Hackney

Café Acoustic, Hackney

et puis tout à coup, un centre culturel et éducatif des aînés chypriote-turcs.

Turkish Cypriot Elderly Group

Turkish Cypriot Elderly Group

je me retrouve quelques longues minutes plus tard dans Russel Square, en route vers la British Library où j’ai terminé cette balade pour travailler sur les poèmes de Karin Karakaşlı, que je présente mercredi 13 mars dans un atelier de traduction.

Russel Square

Russel Square